Léger sous les G

D’aussi loin que je me souvienne, j’entretiens une passion pour le moins insolite à l’égard des avions de chasse. A tel point que j’ai longtemps nourri le rêve de devenir pilote de chasse. Je me souviens que lorsque j’étais petit, je ne sortais jamais sans avoir mon avion de chasse préféré en poche. Je pense qu’aucun jouet n’a été plus amorti que cet avion. S’il ne m’accompagne évidemment plus à chaque sortie, il trouvera un autre enfant à qui plaire : il traîne dans la chambre de mon petit garçon, et j’espère bien qu’un jour, il traînera dans ses poches à lui. Mais même s’il ne me suit plus partout, vol en avion de chasse il restera à jamais dans un coin de ma tête. Avec de tels antécédents, il était donc inévitable qu’un jour, je veuille monter à bord d’un de ces engins. Cela n’a pas été sans mal, mais j’ai enfin pu le faire samedi dernier, à l’occasion d’un vol en Fouga Magister. Cette expérience est sans conteste l’une des activités extraordinaires que j’ai eu l’occasion de effectuer dans ma vie. Les sensations que j’ai pu avoir là-haut resteront à vie gravées en lettres de feu dans ma mémoire. Car vous en avez vraisemblablement déjà découvert par vous-même : il existe une différence monumentale entre la théorie et la pratique. Je m’étais mûrement informé sur les émotions offertes par un avion de chasse : la pression des G qui vous fait peser près de 400kg, la micro-pesanteur des G négatifs lors de certaines figures, le champ de vision qui diminue quand on risque le black out… Même quand on est au courant de tout ça, je crois qu’on n’est jamais vraiment prêt. Mais quand l’on ressent physiquement cela, on découvre que la théorie ne représente pas grand-chose tant qu’il n’est pas vécu à la réalité. Certaines acrobaties étaient tellement excessives qu’elles en devenaient intolérables. Et je dois admettre que, même si j’ai adoré cette expérience, j’ai poussé un petit soupir de soulagement quand est venu le moment de regagner la terre ferme. Il faut dire que ma tête avait pris une intéressante couleur verdâtre. Si l’adrénaline est votre mantra, je vous conseille vraiment le vol en L-39. Voilà d’ailleurs le site par lequel je suis passé pour ce vol, si vous vous sentez d’humeur audacieuse.